vendredi 6 mai 2011

Tab 1



Dessin D.M.



(Sur scène : au fond, la silhouette lointaine d’un château moyenâgeux mais du genre plutôt agressif ; côté cour, pleine scène, un kiosque à colonnades. Côté jardin, en avant-scène, un dolmen ; sous le dolmen, une litière de paille. Sur cette litière, recouverts d’une peau de bête, GERSURE et ZEUGMETTE. Autour du dolmen, une poignée de lutins et lutines endormis, certains seuls et d’autres en couples. GERSURE s’éveille, s’étire, baille, se soulève à demi. C’est la nuit. Seule, à moitié voilée, la lune jette un léger rayon de lumière. En bas de la scène, plutôt au niveau du kiosque, un bruiteur, homme-orchestre avec une batterie d’ustensiles soulignera les scènes de bagarre et la scène de conférence de la paix .)


Gersure Eh bien ! Quelle nuit ! Ça, c’est du dodo ou je m’y connais pas ! (Se tournant vers sa compagne)
Zazou… Zazounette ! (Il la secoue) Zeuguie… Zeugmette ! Hé, p’tit croupion ! Chatounette !

(Zeugmette tressaille enfin, s’étire à son tour, pousse de petits grognements féminins, se retourne contre son homme.)

Zeugmette Humm !…Hummm…

Gersure Zazou, Zazounette…

Zeugmette Qu’est-ce qu’y a ? Laisse-moi dormir.

Gersure Zizou, Zizette… (Il dépose un baiser sur son front) Mets ta main là…Hummm ! C’est chaud !

Zeugmette Hummm ! Doux Jésus ! Quel cramponnoir !
(Gersure remonte la peau de bête jusque par dessus leur tête)

Gersure Ah ! Petite flamme du diable !

Zeugmette Viens…
(Ils jouent leur petit jeu d’amour sous la couverture, musique)

Gersure Tu as gardé de sacrées braises sous la cendre. Quel bonheur, bonne femme de mon cœur.

Zeugmette Tel se couche à la baise se réveille à la braise…

Gersure (Rejetant la couverture et se levant de la couche) Hou là ! Mise en eau de toutes les tuyauteries ! Un petit besoin naturel, urgent ! (Il sort de sous le dolmen et se dirige vers le fond de la scène) Barrez-vous, bêtes à bon dieu, fermez les yeux, grenouilles pudibondes, la queue du diable va turgir dans la nuit !
(On l’entend pisser dans la nature. Il revient vers le dolmen en refermant ses braies. Alors qu’il va pénétrer dans sa couche, un autre lutin s’éveille et l’apostrophe.)

La Bandoche Ho ho ! Compagnon d’orgie ! Un vilain rêve, que te voilà debout ?

Gersure Pas un rêve, mon frère, ni bon ni mauvais. Juste une crampe nocturne qui me vrillait l’esprit… Dis-moi, t’aurais-je réveillé ?

La Bandoche Pas du tout ! Moi aussi, une barre ! A se foutre dans l’œil !

Zeugmette Gersure ? T’es là ? A qui tu parles ?

Gersure A un bastaing de trois pieds de long qui va transpercer les étoiles et le cul des anges si on le calme pas un peu…

Zeugmette Hi hi hi ! Hé, les filles, toutes aux abris, La Bandoche est de retour ! Dis, Gégé, on peut pas l’laisser comme ça, ça s’rait pas chrétien…

Gersure Pour sûr, il a besoin d’un coup de main…

La Bandoche Ah ! Petite sœur ! Je voudrais pas abuser… Juste un petit bisou d’amitié…

Zeugmette Ramène-la par là, ton amitié, et tâche de pas te la prendre dans le dolmen !

Gersure Faut vraiment qu’tu sois un pote, nabot de mon cœur ! Allez, faufile-toi sous la peau d’ours et laisse-moi quand même une petite place !
(Ils rentrent tous les deux dans la couche de Zeugmette)

La Bandoche Ha ! Millediou ! Quelle fournaise !

Gersure De la barba papa, des profiteroles au chocolat de la crème chantilly, des îles flottantes, un abricot de sucre et de soleil !

Zeugmette Haaa !!! Haaaa !!!!! Haaaaa !!!!!!
(Peu à peu, la nuit s’estompe légèrement . Un à un, les autres lutins, à l’extérieur du dolmen, se réveillent, se frottent les yeux, parcourent comme affolés l’espace désert autour d’eux.)

Purus Nos arbres ! Notre forêt ! Nos biches, nos sangliers ! On est sur la lune ou quoi ?

Gersure (Sortant le torse de sous la peau d’ours)
Eh bien, Brochedieu ! Plus moyen de méditer tranquille ? Quel raffut ! Ouah ! mais c’est tout mon petit peuple de pacotille que voilà ! Purus, Briscard, Phéromone, Calebasse, Jarnicot et mon enclume d’amour, ce vieux Cholesto ! Tous ! Ha ha ha ! (Il se lève et se jette dans les bras du groupe de lutins)
Ah ! Brigands de mon cœur ! Quel bonheur !

Phéromone Dis, Gégé, qu’est-ce que ça veut dire, ce réveil, après si longtemps ?

Purus Et où sommes-nous ? Plus un buisson, plus un arbre !

Jarnicot On est tombé dans le monde de l’anti-matière !
(Gersure se détache du groupe, fait le tour de l’espace)

Gersure Les crapauds ! C’est un coup des crapauds ! Tu ne comprends pas, Jarnicot ? Vous ne comprenez pas qu’ils ont tout rasé, tout cassé, tout foutu en l’air !
(La Bandoche, à son tour, sort du lit)

La Bandoche Ventredieu ! Pour sûr que c’est un coup des crapauds ! Y z’ont parlé par le troufignon !

Zeugmette (Sortant de sous le dolmen) Tu crois, vieille branche ? Y z’auraient eu comme une diarrhée morale ?

Briscard Par les doigts de pied du veau à trois têtes, tout serait donc cul par dessus tête ?

Gersure C’qui s’est passé, c’est qu’ils nous ont expulsés tranquillement de leurs rêves pendant des siècles et nous avons sombré dans l’oubli et le sommeil. Et pendant qu’on ronflait, les crapauds, ils ont tordu le monde, ils l’ont essoré jusqu’au noyau, raboté jusqu’à l’os !

La Bandoche Vivegarce ! Quelle engeance ! Tu t’endors trois petits siècles et zou ! Y te la mettent jusqu’au fond !

Phéromone Me suis-je donc réveillée dans l’impasse d’un vilain rêve ? Ce sont pourtant bien vos voix que j’entends et l’haleine de bouc de cette vieille Bandoche, ça ne s’invente pas, même dans les feux de la fièvre.
Pincez-moi ! Pincez-moi, compagnons, que je puisse croire au pire !
(Tout le monde la pince)

Phéromone Aïe Aïe Aïe ! Ca va, ça suffit ! J’ai compris, on y est !

Gersure On y est, Phéromone, on y est ! Jusqu’au cou !

Zeugmette (Désignant le château au loin) Dis, Gersy, c’est quoi, cette termitière ?

Gersure Leur nouvelle carapace, à tous les coups, leur nouveau bouclier de crapauds paranos ! Ca doit être du propre, là-dedans ! (Désignant le kiosque) Regarde, ils ont même bâti ce truc, là, qui flambe et qui hurle d’orgueil !

Phéromone Mais pourquoi nous réveiller dans ce désert du diable ? Ont-y besoin de nous évoquer si c’est pour se traîner dans cet enfer ?

Calebasse Qu’ils nous veulent rampants dans des chemins d’écorchés vifs, le cul en feu des morsures d’orties ?

Gersure Mais pourquoi cette débâcle ? Pourquoi ?

La Bandoche Pourquoi, Tire-semoule ? Tiens, ça me fout la trique à l’envers !




Dessin D.M.



(Du côté cour, apparaît, tout léger, un individu vêtu d’une redingote et haut-de-forme blancs. Il s’assoit sur une souche)

Tous Funiculus !

Zeugmette C’coup-là, on y a droit !

La Bandoche Ouvre tes cuisses, que je m’y cache !

Funiculus Alors, mes agneaux, nous revoilà sur le plancher des vaches ? Un peu désorientés, peut-être ?

Gersure Si tu es là, vieux singe, ce serait donc qu’ils battent le grand rappel ?

Briscard Le pognon leur suffit plus ! Ils ont à nouveau besoin d’imaginaire ?

Purus Leurs petits ne s’endorment plus en comptant des pièces d’or ? Ils redemandent des histoires ?

Phéromone Des idylles de biches et de bergers, de princes énamourés et de chastes lutines ?

La Bandoche Auraient-ils découvert dans quelque replis de graisse un trou insoupçonné, un chibre potentiel ?

Jarnicot Regrettent-ils d’avoir dépouillé ciel et terre ? Auraient-ils à nouveau envie de se tremper aux eaux des sources vives ?

Calebasse Mon cul, oui ! A mariner depuis si longtemps dans leur pus, ton eau fraiche leur serait fatale ! C’est pour quelque cochonnerie, oui ! qu’y z’ont besoin de nous.

Gersure Hé ! Ho ! Ca vous emmerderait de le laisser parler ? P’têt qu’y vaut mieux pas perdre trop de temps ?

Funiculus (Se lève et arpente la scène) Ha ha ha ! Mes petits agneaux ! Mes petits agneaux mythomanes ! Voilà qu’ils se prennent pour les détenteurs du beau, du bien, de la poésie, des yeux de biche et de l’Amour courtois ? Voilà qu’ils croient devoir pleurer sur les arbres décapités, sur les sources taries, sur les espèces anéanties ! Mais rien de cela ne vous appartient, vous n’avez de prise ni sur la feuille morte qui tombe ni sur la goutte de temps qui coule, inexorablement ! Vous êtes du rêve, du rêve de crapaud ! Et si vous voilà aujourd’hui dépouillés de par leur volonté, de vos décors champêtres, il vous faudra bien traîner vos carcasses dans le sable du désert !

Purus Qu’est-ce que je disais !!

Funiculus A la vérité, quand, il y a quelques siècles, les crapauds ont commencé à domestiquer les forces de la nature, ils ont eu un peu honte des rêves et des fantasmes de leurs ancêtres. On vous a oubliés au fin fond de vos forêts et votre sommeil a duré longtemps !

Zeugmette Jusqu’à aujourd’hui.

Gersure Pourquoi ce réveil, si on leur sert plus à rien ?

La Bandoche Le plaisir de nous voir souffrir ? Ca les fait bander ?

Phéromone Y veulent faire « repentance » d’avoir, il y a longtemps, cru au bonheur simple de l’amour et de l’eau fraîche ?

Funiculus Mais bougres de trous du cul ! Pourquoi vous donnez-vous tant d’importance ? Qui croyez-vous être pour supposer qu’on se mesure à l’aune de vos plaisirs ou de vos souffrances ? Ils ne veulent ni vous faire souffrir, ni vous flatter, ni faire appel à vos consolations, ni annihiler votre soit-disant « existence » par un acte de foi cartésien : en vérité, ils ont besoin de vous pour faire beau dans le décor !
(Court silence)

Gersure Pardon ?

Zeugmette Beau dans le décor ? Comme qui dirait des potiches ?

Briscard On nous prend pour des guirlandes de foire ?

Calebasse Des arbres de Noël ?

Purus Des lampions de carnaval ?

Gersure Des nains de jardin ?

La Bandoche Foutredieu ! Des nains de jardin ? (À Funiculus) Et si je te sors mon gourdin, ça fera beau dans le décor ?

Gersure (Se rapproche de Funiculus, le saisit par le revers) Arrêt sur image, Pépère. C’est quoi, la combine ?

Funiculus Hé, là, ho ! Je suis que le messager, le transmetteur de vœux ! Fallait pas vous laisser rêver, dès le début ! Quand on sort de l’imagination d’êtres aussi fantasques que les crapauds, y faut s’attendre à tout ! Hier, vous étiez les petits lutins réconfortants et bien-aimés, les petits Schtroumpfs tendres et rigolos, et bien demain…

Gersure Quoi, demain ?

La Bandoche Tu tiens à ta rondelle ?

Funiculus Demain, et pour quelques jours seulement, vous serez l’alibi poétique, la vitrine scintillante d’une supposée « fraîcheur morale » de la race des crapauds. Ni plus, ni moins.

Zeugmette Qu’est-ce que c’est que ce charabia ?

Phéromone Je dois dire que j’ai du mal à suivre…

Gersure En clair, qu’est-ce qu’on nous veut ?

La Bandoche J’la lui mets, pour l’décoincer un peu ?

Gersure Pas la peine, y va causer le petit asticot !

Funiculus Mais laissez-moi le temps de vous expliquer ! Ca fait trois cents ans que ça tourne sans vous et vous voudriez tout savoir, d’un coup !

Zeugmette D’un coup, parfaitement !

La Bandoche D’un coup, crac !

Gersure Assis-toi là, et parle.
(Ils se mettent en arc de cercle autour de Funiculus)

Funiculus Ca va, ça va, je parle, je suis venu pour ça ! Mais, bon Dieu, comme vous leur ressemblez ! Toujours à hurler et à menacer ! Ca, faut dire, les chats font pas des chiens !

Gersure C’est à cause de tout ce changement, de ce réveil sans sommation…Vas-y, dis nous tout.

Funiculus Le réveil dont tu parles, il y a quelques minutes, fait suite à un long sommeil, n’est-ce pas ?

La Bandoche Tire-foutre ! Tu parles d’un roupillon ! J’ai eu le temps d’en rêver, des lutines goulues ! Ma paillasse est trempée et je dégorge encore !

Phéromone Comme une torpeur qui nous a pris tout d’un coup ; et le sentiment d’une longue sieste tiède à l’ombre d’un grand chêne.

Purus Comme un bout de bois qu’on jette au courrant d’une rivière et qui dérive, à longueur de temps jusqu’aux eaux calmes du lac. Dans l’oubli et sans mémoire.

Zeugmette C’est vrai qu’il y a longtemps, on passait son temps à bailler et qu’on n’avait plus trop envie de se remuer. Ils faisaient plus trop appel à nous, juste quelques enfants arriérés…

La Bandoche Ou certains poètes obsédés par les lutines girondes ! Y m’en ont fait trousser, d’la feuille de vigne !

Gersure Pis, tout doucement, la nuit est tombée et on a ronflé !

Briscard Une symphonie de ronflements ! Au début, c’était comme un jeu, à çui qui f’rait le plus de tremblement !

Funiculus Oui, oui, mais bon …

Gersure On a plongé enfin, le grand silence…

Zeugmette Le grand sommeil.

Phéromone Ni trop chaud, ni trop froid…

Calebasse Sans mouche, sans moustique…

Zeugmette Le grand repos, quoi !

Gersure Ou le grand oubli ! Ils nous ont oubliés, pendant des siècles !…Des siècles !

Funiculus Le grand oubli ! Ha ha ha ! Vous rigolez ! Ils vous ont reniés ! On vous a éjectés sans pitié de toutes mythologies ! Finis, les petits gnomes malins qui vivent au fond des bois, au rencard, les petites fées papillonnant autour des nénuphars, plus besoin de génies pour faire pousser les arbres et couler les rivières ; ils ont cru comprendre que les volcans ne sont pas des colères de géants. Ils ont appelé ça la science et vous ont jetés dans les poubelles de leur histoire !

Briscard Ben merde alors ! Des vrais petits dieux vivants comme nous, à la poubelle !

La Bandoche Tous ces p’tits culs de poulets croquants, à la poubelle !

Zeugmette Et les câlins bien chauds, et les bisous d’Amour, et les rires canailles au clair de lune, à la poubelle ?

Gersure Ah ! Les cons ! Les ordures !

Purus C’est donc ça, que notre univers n’a plus de figure ?

Calebasse Qu’on n’a même plus un tronc d’arbre pour pisser !

Funiculus Mettez-vous à leur place ! Comme la forêt n’abritait plus rien de sacré, ça n’a pas fait un pli ! Arbre par arbre, colline après colline, ils l’ont rasée. La planète entière est tondue comme un œuf.

Phéromone Mais les animaux, les oiseaux…Toute cette vie qui grouillait dans les bois ?

Funiculus Vous êtes peut-être les seuls à vous souvenir de leur existence !

Gersure Quoi ? Y’a plus une bestiole sur la planète ?

Funiculus Si, si, bien sûr. Ils en ont sélectionné quelques espèces pratiques et pas trop fragiles qui assurent la nourriture et certains travaux. Ainsi, on a gardé une sorte de poisson, sans arrête et sans nageoire, deux sortes d’oiseaux sans ailes dont une en voie de disparition car ses œufs se refusent à éclore…Bizarrerie scientifique, paraît-il… Il existe encore une espèce de mélange de cheval et d’âne qui sert à tirer des charges quand les machines sont en panne et qui finissent en viande hachée les jours de fête… Je ne vois pas grand-chose d’autre.

La Bandoche Ben, mes chéris, on l’a dans l’cul !

Purus Y’a plus qu’la corde !

Gersure Holà, pas si vite, compagnons. Si qu’on est dans les poubelles de l’histoire, comme y dit le petit asticot, pourquoi qu’on est toujours là, à tchatcher ?

Zeugmette On respire t’y encore ou on respire t’y plus ?

La Bandoche Poil au cul !

Les autres lutins C’est vrai ça, qu’est-ce qu’on fout là ?

Gersure (Menaçant à nouveau Funiculus) Ça, tu nous l’as toujours pas dit !

Funiculus Justement, j’y arrive, j’y arrive !

Gersure Grouille, ça suffit !

Funiculus Comme je vous disais tantôt, on a besoin de vous, voilà.

Tous les autres Voilà quoi ?

Funiculus (Les autres sont immobiles. Lui seul est clairement visible. Le reste de la scène est dans la pénombre, lutins compris) La race des « crapauds », comme vous dites, a conquis la planète et mis le reste de la vie en coupe réglée. Pas une bestiole qui remugle, pas un brin d’herbe qui ose verdir sans qu’on le lui permette. Et chez les crapauds eux-même, qui oserait penser ou s’exprimer en dehors des clous ? Quelle tête oserait se lever et tourner les yeux vers le soleil ? Les grands princes de ce monde sont gantés de lames d’acier et gare à qui respire sans l’ordre de le faire ! A chaque soupçon d’idée de prémices d’un remuement quelconque, on taille, on découpe, on tranche, on écrase, on mutile, on écrabouille ! Oh, bien sûr, de toute machine il faut huiler les rouages. Aussi, quelques gouttes de miel se répandent-elles aux tartines des gens les plus silencieux, aussi ferme t’on les yeux aux appétits des bourreaux les plus impitoyables.
Voilà, ça tourne comme ça depuis des centaines d’années et on en a encore pour une éternité…Sauf que…
Gersure (Doucement) Sauf que ?

Funiculus Sauf qu’un événement unique va se produire le vingt-troisième jour de ce mois : une planète dérivant dans l’espace va croiser notre route.

Purus Le grand choc !

Phéromone On va tous y passer !

La Bandoche Le grand coït final !

Gersure Vos gueules ! Laissez-le parler.

Funiculus Ce que vous pouvez être énervants, toujours à couper la parole ! Pour sortir des âneries, surtout… Non, ce qui va se passer, c’est que cette planète va frôler la notre de très très près. Et on est à peu près sûr d’une chose : c’est qu’elle est habitée elle aussi ! Par des êtres évolués, comme les crapauds.

Calebasse Evolués ! Façon de parler…

Funiculus N’empêche ! Un contact va avoir lieu entre eux et nous et tout le monde s’accorde à dire qu’il faut présenter à ces gens une image propre, sans tache de notre monde. Or, notre monde est plus déchiré que jamais, les princes sont en guerre permanente, les peuples se déchirent avec acharnement. Il a donc été décidé entre tous nos dirigeants d’organiser une espèce de conférence de la Paix afin de présenter à nos visiteurs un monde à peu près stable et heureux. Comme qui dirait, ménager une trêve, de quelques jours, jusqu’à la rencontre…Après..

Gersure Et nous, qu’est-ce qu’on vient foutre dans cette combine ?

Funiculus Vous comprenez, ils veulent tellement faire beau…Alors, pour l’occasion, on va ressortir des oubliettes les vieilles boites à musique, on réapprend à danser, on fouille dans les archives pour exhumer quelques poèmes bien torchés et, comme on veut faire aussi dans le rêve, le naturalisme et l’utopie, ils ont pensé…enfin, ils se sont rappelé que vous étiez sortis du cerveau de leurs ancêtres… N’est-ce pas, des êtres un peu magiques…un peu surnaturels..
ça ferait bien dans le décor, ça donnerait un petit air bon enfant et sympathique…

Gersure Continue !

Funiculus Ben, c’est tout ! Pendant quelques jours, quelques semaines tout au plus, on reparlera des gnomes, des lutins, des fées, à toutes les sauces. Vous n’aurez pas une minute de repos, on vous invoquera à tous propos. Jusqu’à ce qu’on n’ait plus besoin de vous et qu’on vous oublie, définitivement cette fois.
Voilà, vous savez tout.

Gersure Ben mon couillon ! Tu parles d’une histoire ! Qu’est-ce que vous en pensez, vous autres ?

Funiculus Si vous permettez, les enfants, je vais vous laisser tirer vos plans.
Et faites quand-même gaffe à vos fesses !
(Il s’en va.)

Chanson « La Tite BIBI » interprétée par la bande de Lutins

Hi hi hi hi ! Hi hi hi hi !
N’a des problèmes n’a des soucis
N’a des nangoisses n’a s’fait d’la bile
N’a pataugé dans le cambouis
N’a son costard qu’est tout sali ?

Ref :
Pleure pus pleure pus
Pleure pus pleure pus
La tite Bibi
L’a son doudou
Au d’dans d’la tête
Qu’al fait risette
Qu’al fait l’comique !
Qu’al fait risette
Qu’al fait l’comique !

Ha ha ha ha ! Ha ha ha ha !
S’a pris les pieds dans le tapis
S’a mis la bouille en marmelade
S’a l’sang qui coule qu’a dégouline
S’a des carottes dans les narines ?

Hé hé hé hé ! Hé hé hé hé !
L’a tout cassé la belle planète
L’a crabouillé ça qu’est joli
L’a tout vrillé la mécanique
Du Tit Jésus et c’qui s’ensuit ?

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